Le 50e Stage de printemps
avec Shihan Habersetzer à Strasbourg

 

 
Photo de Isabelle JANS

C'est dit!...après celui-là, on ne les comptera plus !
 
            Nouveau jubilé fêté au Tonerikojima Dojo d'Eschau (Strasbourg) : le 50e stage de printemps (1964-2014) dirigé par Shihan Habersetzer en ce week-end bien ensoleillé des 17 et 18 mai ! Le passage d'un nouveau cap, après le 50e stage d'hiver (Kan-geiko) de novembre 2013. Ce sont des anniversaires qui comptent.
            Ce fut, et c'est bien compréhensible, une fête dans le coeur du Shihan, mais aussi, de son propre aveu samedi soir lors du verre de l'amitié, avec une ombre de tristesse, à mesurer ainsi  le temps qui a passé (vite...). Qui a passé sur les êtres, qu'il connaît souvent depuis très longtemps (ces fidèles à son enseignement, certains depuis la fin des années 70 au Strasbourg-Université-Club, de l'époque du Shotokan "pur et dur", à travers tant de stages, dont ceux de Steige dans les Vosges, jusqu'à la Voie Tengu qu'il a définie il y a 18 ans, conformément à la Tradition), sur les choses, sur lui-même... Surtout, et probablement plus encore (et en tout cas de manière très spectaculaire), sur l'approche même du martial dans ce qui en reste dans une société qui, à force de mettre la tête dans le sable face à la montée de la violence et à l'installation  d'une médiocrité à laquelle elle s'est habituée, renonce à ce qui a toujours été l'objectif du véritable art martial (bien au-delà de la simple gestuelle de combat, si facile à imiter) : proposer une réponse efficace dans le cas d'un combat de survie, s'il fallait le subir un jour, mais sans renoncer à l'accompagnement moral qui en assure le contrôle. Le véritable art martial est là pour protéger, pas pour agresser ou se faire valoir. Avec ce précieux message contenu dans la démarche ultime :  la voie martiale est une voie de paix et de découverte intérieure.
            En plus de 50 ans d'enseignement et de passion engagés sans compter ses efforts, Sensei Roland Habersetzer a pu mesurer l'évolution dans la motivation et la capacité de compréhension du "public" prétendu martial, de la perte de ses vrais repères, de la superficialité de ses comportements, de la perte de la culture martiale tout simplement, qui font que l'enseignement même de son Tengu-ryu est devenu largement décalé dans ce milieu ambiant (le monde Budo ne faisant que refléter l'état de la société en général). Jusqu'à devenir à peine compréhensible hors du cercle restreint de ceux et de celles qui l'écoutent et lui font confiance depuis si longtemps.
            Joie mais aussi pincement de coeur, donc, car personne ne changera plus rien à cet état de choses. Que l'heure soit venue de laisser glisser ces choses dans leur appauvrissement est une acceptation à laquelle a fini d'arriver le Sensei, à qui personne ne peut reprocher de ne pas avoir mis en garde assez tôt contre cette évolution vers la facilité, d'où résulte la perte de substance du martial. Normal (peut-être ?), en un demi-siècle d'histoire ! Et cela va aller de plus en plus vite, de plus en plus inéluctablement .
            En attendant, cette 50e rencontre fut encore une très belle rencontre internationale, où quelques 90 participants venus de France, de Belgique, d'Allemagne, de Suisse (dont 70 ceintures noires, des 1er aux 7e Dan Tengu ) ont "joué sur la Voie" (Do-raku), avec le sérieux et la concentration qu'exigent les Tengu-ryu Karatedo et Kobudo. Il y a même un couple de ceintures noires du CRB-IT qui avait rejoint depuis... la Chine (Shanghai), où il vient de s'établir (et où leur voiture circule déjà fièrement ornée de l'autocollant "Tengu" ! Sûrement la seule dans tout cet immense pays. Mais ils l'ont fait !!). C'est que le message dispensé par maître Habersetzer est resté le même depuis un demi-siècle, à l'opposé de l'orientation sportive et compétitive de l'art martial. Et ce fut encore un moment très fort d'une Tradition vivante pour tant d'hommes et de femmes heureux d'avoir trouvé auprès de lui une autre compréhension de l' "art de la main vide", débouchant sur un choix valable tout au long de la vie : leur pratique a réellement pris un sens digne des efforts consentis.
 
            Dès maintenant, glissa cependant Sensei Habersetzer dans son message final, au moment de souhaiter à tous un bon retour avant de se quitter, chaque nouveau stage qui viendra s'ajouter à une déjà si longue liste qu'on ne comptera plus (c'est finalement mieux, pour ne plus trop réfléchir sur les rappels de l'horloge du temps !) sera quelque part une nouvelle victoire obtenue sur ce temps qui passe, sur l'âge qui s'installe pour les uns et les autres (avec la fatigue qui va avec), sur l'érosion déprimante des valeurs martiales, sur le poids des soucis du quotidien. Il faudra le savoir désormais. Pour savourer, à chaque fois encore davantage, comme une chance et un moment de retour à la véracité dans un monde qui s'enfonce dans le futile (et le mensonge), chaque nouvelle rencontre des "Tengu" autour de leur Soke, ces "guerriers pacifiques" décidément si peu conformes aux définitions et représentations actuelles des pratiquants de "sports" de combat. Personne ne peut dire combien de temps ces "Tengu" tiendront dans le paysage actuel. Même s'ils se retrouvent à chaque fois vigoureusement réunis en un dernier carré résistant toujours sous les rafales du temps et les secousses  de l'époque. Etonnement inoxydables... Pour l'instant, à nouveau, ils ont (presque) tous été là ! Comme une grande famille. Comme un bloc d'énergies et de certitudes sur lequel Soke Habersetzer a pu s'appuyer avec bonheur au cours de ce week-end pour faire passer un enseignement toujours aussi exigeant qu'aux premiers jours. Il n'y aura jamais de place pour la médiocrité ou l'approximatif dans sa "Voie Tengu". Ce stage l'a encore rappelé à tous. On adhère, ou on s'en va...Tant pis si ce discours n'est pas fait pour drainer la foule.  Et ceci de moins en moins, jour après jour.    
            C'est bien pour cela que de tels séminaires du "Centre de Recherche Budo - Institut Tengu" continueront aussi longtemps qu'il sera possible au Soke de les tenir, et à ses fidèles de venir à chaque fois de si loin, envers et contre tout, malgré des difficultés de plus en plus grandes avec la crise économique qui s'est installée dans la vie de tous. Mais une chose est sûre : il n'y en aura plus 50 (!!) et le temps est même venu de penser que chacun d'eux pourrait être le dernier, ou l'avant-dernier... Et de jeter un coup d'oeil avisé au calendrier à venir (voir rubrique "stages"). On en reparlera certainement à la prochaine Ecole des Cadres de l'association, fin septembre. Car "tempus fugit"....
 
 
Ils furent encore 90 Tengu au soleil, réunis en ce printemps 2014, heureux d'avancer sur la Voie martiale...

 

 

 

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