Impressionnant.... 110 Tengukas ! On ne savait plus comment les empiler pour les rentrer dans le cadre (il y a aussi ceux qui sont derrière l'appareil photo). Mais ceux et celles qui y ont réussi pourront se dire un jour qu'ils y étaient ! Alors que la fête a bien failli être gâchée par les fortes inondations en Moselle et au Nord de l'Alsace qui ont bloqué des routes d'accès... « Notre » Tengu a laissé passer, en riant... Rien n'a arrêté nos Tengukas !

          Petit rappel (le reste figure dans mes « Mémoires, 1957-2019, » téléchargeables sur www.tengu.fr et aussi dans un coffret de 4 DVD qui vient de sortir chez www.roninboutique.com) :
...après avoir été pendant 10 ans une cheville ouvrière dévouée de la Fédération Française dans l'Est de la France...
...après avoir cru longtemps qu'il était possible d'y laisser vivre côte à côte (mais sans classement péjoratif) une branche sportive et une branche traditionnelle (opposée à la notion de compétition sous toutes ses formes, qui va dans le sens de cet éternel besoin de monter sur des podiums sous l'applaudissement des foules et la sacralisation des ego, et qui tourne le dos au message authentiquement martial)...
...et même après m'être fait cracher au visage à Coubertin lorsque j'y fut arbitre central d'une compétition en 1968 (par un individu 1er Kyu qui eut ensuite un bel avenir à la dite fédération. Et dont je continue pourtant à ne pas vouloir divulguer le nom, par charité... Mais si, si, je m'étais fait physiquement « cracher dessus », devant tout un corps arbitral, qui ne bougea guère... Car qui était alors cet alsacien qui venait troubler les arrangements du petit cénacle parisien !), j'ai quand-même assumé ce rôle jusqu'en 1974.
C'était à l'époque où feu le Président Jacques Delcourt me disait que j'avais bien raison sur le fond, mais que c'était difficile à appliquer en pratique. Un demi siècle après, donc, j'ai pu fêter ce que je pense avoir été la meilleure décision de ma vie, question de « respiration martiale ».
Un demi siècle donc à affirmer et proposer en tant de stages, de livres et d'articles, que l'on pouvait vivre le Karatedo « autrement », loin de toutes ces dérives sportives (magouilles, arrangements et breloques). On ne pourra jamais dire qu'on ne savait pas. A chacun bien entendu d'assumer son choix. Mais alors sans se chercher d'excuses le jour où....
On a dignement fêté ce cinquantenaire autour d'un dîner de gala préparé par Jean-Christophe Karleskind, Maître Cuisinier de France (et aussi 2ème Dan Tengu ®, mais auquel il faudrait songer à décerner un 10ème Dan de gastronomie!) rassemblant 120 convives au soir du premier jour du stage traditionnel de printemps tenu à Eschau (Strasbourg). Stage qui, avec l'annuel stage d'hiver (le célèbre Kan-geiko de Strasbourg, invariablement tenu lui aussi depuis 60 ans), fut si souvent une source où sont venus s'abreuver tant de karatekas venus de partout, une source dont le rappel gêne parfois un peu tout de même aujourd'hui... (au point que certains courageux anonymes tentent de m'effacer jusqu'à cette page Wikipédia, subrepticement démantelée fin 2023! Jetez un coup d'oeil... Faut croire qu'il y en a qui piaffent vraiment d'impatience...).
Et on reprit avec le même enthousiasme dimanche pour une deuxième journée d'un stage qui rassemblait plus de 110 Tengukas, venus entre la Californie (avec Mitko) et l'Oural (avec Nathalie, bien sûr, et Sasha). Avec tous ceux et celles venus comme à l'habitude de France, de Belgique, d'Allemagne, de Suisse. Avant de devoir se séparer pour reprendre la route, le train ou l'avion, avec un mélange de fierté et de tristesse devant ce temps qui passe.

          Ce fut peut-être là le dernier stage de masse (on peut le dire, non ? Pour un stage réservé à l'interne) que j'aurai dirigé d'un bout à l'autre. Mais je tenais encore à le faire, avant de me reposer pour la suite sur mes Experts Jacques Faieff (déjà nouveau Président du CRB-IT) et Alex Hauwaert, tous deux 8ème Dan Tengu ®, fidèles depuis des décades. En tout ou en partie. L'essentiel est que la maison « Tengu-ryu » continue à être bien tenue ! Je sais qu'elle le sera ! Elle compte actuellement quelques 150 ceintures noires actives, du 1er au 8ème Dan, qui se connaissent depuis des années, dans une grande famille qui prend depuis bien longtemps la route menant à la capitale alsacienne (tant d'autres ceintures noires ont été attribuées pendant des décades par le CRB à tant d'autres, repartis vers d'autres horizons et dont certains, découragés par sa stricte exigence dans les choix de pratiques, se sont souvent hissés depuis aux plus hauts grades dans fédérations ou organismes divers). Mais malgré tous ces « stagiaires de transit », une affluence qui ne s'est jamais démentie depuis.
L'ensemble de 4 DVD (qui parlent de ma vie, de ma conception du martial, de mes engagements depuis mes premiers pas sur les tatamis, en 1957) sur lequel Julien Boucher a travaillé depuis sa visite à Saint-Nabor, il y a près de 3 ans, a également pu être distribué lors de ce séminaire (donc « historique » dans toutes ses composantes !). Ce témoignage, sans langue de bois, brut de décoffrage, compense largement la malveillance dont j'ai très ostensiblement fait l'objet pour la page Wikipédia qui m'était dévolue depuis des années..(rappel : on peut commander ce coffret sur www.roninboutique.com). Merci, Julien, puisque votre travail va aider à se souvenir de quelques vrais « anciens » qui sont encore sur la route...Mais qui gênent tout de même parfois, ici ou là...

          50 ans après tant de détermination dans la défense et l'illustration de ma propre conception d'un Katatedo martial à travers une association farouchement indépendante de tous systèmes (mais peu de gens lui prêtaient un avenir en 1974.. Ce regard là a donc bien survécu (alors que tant d'élèves de la première heure avaient déserté à l'annonce d'une décision qui fit peur). Mais après 67 ans de pratique et de partage, il est probablement temps de me retirer de tant d'engagements. Lâcher un peu un temps de Kime si longtemps maintenu... C'est que de continuer à maintenir le cap, dans un choix immuable, malgré tant de tempêtes, d'intimidations et même de menaces, n'a pas été chose facile. J'en ai déjà largement payé le prix. Et le temps du repli est peut-être venu. Mais laissons encore passer l'été...
Et ne retenons pour l'heure que la joie d'avoir encore été ensemble en ce week-end historique. Au cours duquel on me fit la fête...Merci à tous et à toutes, du fond du cœur. La séquence émotion a été très forte...Merci !Merci aussi à tous vos messages déjà reçus sur cette page, et auxquels je ne pourrai répondre. J'en suis profondément touché, croyez le bien.

R. Habersetzer