TENGU-NO-KATA : un Kata du comportement, ou l'esprit d'une technique ...

Mars 2003 : 29 ans après la création de ses "Kumite-katas", Sensei Roland Habersetzer s'est décidé, après une très longue réflexion, à introduire une nouvelle séquence de mouvements pour résumer l'attitude "juste" (Shisei) préconisée dans "Tengu-no-michi" pour faire état, dans toute situation conflictuelle, d'un comportement responsable. Il enseigne l'application d'une ou d'un ensemble de contre-mesures (réponses, mentales et physiques) nécessaires et suffisantes, donc contrôlées, en réaction à une tentative d'atteinte de la "sphère de survie".

Il ne s'agit donc pas d'un Kata de combat de plus, alignant des techniques dans un ordre que l'on pourrait d'ailleurs multiplier à l'infini, mais d'un "Kata du comportement", c'est à dire qui témoigne en premier lieu d'une attitude intérieure lors de la prise de contact avec une violence extérieure. Il n'est qu'une gestuelle introductive, sur laquelle peut se greffer, en prolongement éventuel, n'importe quel enchaînement de techniques de combat (Karate, Quan-fa, Ju-jutsu, etc ...) proprement dites et déjà connues (et ce quels que soient les styles ou les écoles).

Il est l'expression même du "comportement Tengu" ... Il est, à lui seul, la marque de "la Voie Tengu".

  Tengu-no-kata est  à la "pratique Tengu" dans le cadre de l'Institut Tengu ce que les 10 Kumite-kata créés en 1974 sont à celle pratiquée dans les Dojo du "Centre de Recherche Budo". Il n'y a dans leur pratique simultanée aucune incompatibilité, mais bien complémentarité.

Tengu-no-kata n'a son équivalent dans aucune école traditionnelle de Budo, et doit donc être considéré comme le produit d'une réflexion moderne associée à la démarche classique depuis des siècles en Extrême-Orient , qui est de laisser le cœur et l'originalité d'un style sous forme d'une séquence-mère (Kata, Tao), ainsi plus facile à faire perdurer dans la transmission. De ce fait, Tengu-no-kata est bien, dans la démarche même comme dans le contenu qui lui donné, un lien entre l'ancien et le moderne, la preuve qu'une "Tradition" peut rester "vivante" en intégrant des éléments pris dans l'expérience contemporaine (vocation même de l'Institut Tengu).

Tengu-no-kata convient à une pratique à main nue (Kara-ho) comme à une pratique avec arme (Buki-ho), que cette dernière soit ancienne (Tambo, Tonfa, etc ...) ou moderne. C'est sous cette forme de pratique (Bukiho Tengu-no-kata), qu'il dessine le plus clairement le lien entre Orient (Tradition) et Occident (Modernité) et qu'il peut convenir, comme un entraînement standard (basé sur la "mémoire musculaire"), à toute personne habilitée de par sa profession à manipuler une arme (bien entendu hors du cadre du Dojo). Au Dojo, seul Karaho Tengu-no-kata est étudié à tous les niveaux de la progression. La forme Bukiho Tengu-no-kata, mais avec armes de Kobudo seulement, est réservée aux pratiquants avancés.

Dans sa version Kara-ho comme dans celle de Buki-ho, Tengu-no-kata se décline en trois séquences (Chika-ma, Ma, To-ma), représentant diverses urgences dans l'action, elles-mêmes conséquences des distances d'intervention. Chacune de ces séquences débute cependant par une volonté-action de défense : un rappel de la sentence "Karate ni sente nashi" de Gichin Funakoshi (en Karaté, il n'y a pas de première mouvement sous forme d'attaque) mais aussi la volonté de se conformer au cadre de la Loi régissant l'auto-défense, ses conditions et la proportionnalité de la riposte autorisée.

Les deux premières séquences reposent sur la prise d'une "position d'engagement" (Tengu-no-kamae), dans les 4 directions de base, la troisième est un refus d'engagement ... Toutes les trois font intervenir le principe d'une "vision périphérique" avant, pendant ou après la décision, ou absence de décision, d'entrer en contact avec le danger reconnu et apprécié selon le principe de A.D.E.M. (Appréciation-Décision-Engagement-Mobilité). Les formes du Kiai, les manifestations d'initiative  (Sen-no-sen, Go-no-sen, Sen), l'ampleur des mouvements ainsi que leur rythme, les phases respiratoires qui les accompagnent, soulignent les différences fondamentales dans la sensation intérieure ressentie (émotion) et exprimée en fonction de la "problématique d'intervention" posée en termes différents par chacune des trois séquences.

Les éléments techniques et mentaux de Tengu-no-kata, puis le Kata dans sa totalité, font désormais partie de l'enseignement dans les Dojo CRB et les stages dirigés par Sensei Habersetzer. L'explication détaillée de ces contenus sous forme d'une publication destinée à une plus large diffusion, hors du seul cadre de l'association dirigée par le Sensei, est  à l'étude.